Cet article est issu du supplément au magazine Society (paru le 17 décembre 2020), avec qui nous nous sommes associés pour anticiper les tendances 2021 en matière de contenus sur YouTube.
Vous souhaitez connaître l’histoire des guerrières vikings ou de la naissance de Jésus ? Charlie Danger vous dit tout. Sur sa chaîne, Les Revues du Monde, la YouTubeuse prend un malin plaisir à décortiquer les plus grands mystères de l’histoire et de l’archéologie.
Tu as lancé ta chaîne en 2014. D’où est venue l’idée ?
J’ai commencé YouTube en tant que vieweuse, avant de devenir créatrice, et je ne trouvais pas mon compte. À ma connaissance, il n’y avait que trois chaînes culturelles en France quand j’ai lancé Les Revues du Monde. Je me suis dit qu’il y avait sûrement quelque chose à faire. Quand j’étais plus jeune, j’avais créé une chaîne pour parler de surf, le métier que je rêvais de faire enfant, ça n’avait rien à voir (rires). Mais quand j’ai lancé ma chaîne de façon plus sérieuse, je savais qu’elle serait dédiée à l’histoire et à l’archéologie, mes passions. Mes parents sont antiquaires, j’ai grandi dans un univers où on s’intéresse au passé, aux vieilles choses, aux vieux objets. J’ai souvenir qu’avec ma sœur, on jouait énormément aux vendeuses d’antiquités ou ce genre de trucs. Mon père était un peu un taré, il nous apprenait à dater des commodes Napoléon III avant même qu’on sache marcher !
Et quelles ont été les réactions autour de toi quand tu t’es lancée sur YouTube ?
Il n’y a pas vraiment eu de réactions, à vrai dire. À l’époque, lancer une chaîne YouTube ne voulait pas dire grand-chose. Ce n’était pas du tout au programme d’en faire mon métier, puisque je ne savais même pas qu’on pouvait en vivre, il n’y avait pas la monétisation. Au début, mon plan était d’aller jusqu’au doctorat et d’avoir la chaîne à côté. Sauf que, très rapidement, je me suis rendu compte que ce n’était pas tenable, je ne pouvais pas faire un petit peu des deux, il fallait être à 100% sur l’un. Il a donc fallu faire un choix et ça s’est fait de façon plutôt évidente: si je faisais des études, c’était précisément pour travailler dans le milieu de la vulgarisation et de la médiation culturelle, or j’arrivais à gagner ma vie avec YouTube…
La vulgarisation historique, ça représente quoi pour toi ?
Notre contenu n’est pas destiné à être un cours complet sur un sujet. Ça reste une entrée en matière. J’essaie d’intéresser les gens qui n’ont pas forcément d’attrait pour la question. Car, soyons honnêtes, ce sont souvent des sujets de niche vers lesquels on ne se dirige pas sur YouTube le soir après huit heures de boulot. Il faut donc trouver un juste milieu entre divertissement, culture et apprentissage. C’est difficile d’avoir des gros pics comme pour les chaînes d’humour, de beauté ou de lifestyle. Pour autant, ma croissance est stable, avec à peu près 100 000 abonnés par an depuis 2014. Rien ne vaut les messages des gens qui me disent qu’ils ont commencé des études ou un métier grâce à mes vidéos. Si YouTube peut déclencher des vocations, c’est extraordinaire ! Et ma petite fierté personnelle, c’est que je suis la première chaîne de culture en France, toutes catégories confondues, créée par une femme.
Rien ne vaut les messages des gens qui me disent qu’ils ont commencé des études ou un métier grâce à mes vidéos. Si YouTube peut déclencher des vocations, c’est extraordinaire !
En 2019, tu avais dénoncé un cyberharcèlement constant. Ça en est où aujourd’hui ?
Quand on est une meuf sur Internet, c’est plus dur que quand on est un mec: ce qu’on dit est toujours remis en question, c’est très compliqué de se faire respecter, on a beaucoup de commentaires sur notre physique. Mais c’est systémique, ça n’a pas vraiment de lien avec YouTube. Je suis en revanche très contente du ratio de ma chaîne. Il y a quelques années, j’étais à 90% d’hommes pour 10% de femmes, et maintenant, je suis quasiment à 50-50: 55% d’hommes pour 45% de femmes.
Tu penses que tu as un rôle à jouer contre les fake news ?
J’espère ! Par exemple, ma vidéo sur les pyramides en réponse à Squeezie a permis d’éviter une catastrophe pas croyable en termes de désinformation (le célèbre YouTubeur relayait les thèses d’une vidéo complotiste sur les pyramides, et Charlie lui a prouvé qu’il racontait n’importe quoi ; il a présenté ses excuses, ndlr). J’espère avoir aidé un peu à forger l’esprit critique. Maintenant, j’aimerais beaucoup faire du documentaire, des formats plus travaillés au niveau de la réalisation.
On te définit souvent comme une ‘aventurière 2.0’…
La blague revient souvent, vu que je parle d’archéologie, il y a ce cliché de l’archéologue à la Lara Croft ou Indiana Jones. Ma bio sur Instagram, c’est d’ailleurs ‘Lara Croft du YouTube game en moins bien’ (rires). Dans la ligne édito de la chaîne, il y a cette ambiance aventure du début de siècle, notamment dans la vidéo sur la prostitution au fil du temps, ou celle au Louvre. C’était passionnant, d’ailleurs : passer une journée dans le musée fermé, ce n’est pas donné à tout le monde. J’ai même pu voir La Joconde dans une salle vide !
Propos recueillis par Manon Michel
Top 3 des chaînes préférées de Charlie Danger
1- La chaîne de Jonna Jinton Une Suédoise qui partage son mode de vie dans la nature la plus totale. Pour se reposer et s’évader en cas de trop plein de stress…
2- La chaîne de Marinette – Femmes et féminisme Pour y voir plus clair dans les concepts et pensées féministes.
3- La chaîne de Manon Bril – C’est une autre histoire Pertinente, drôle, accessible… une pépite pour les fans d’histoire!