Plutôt courtage ou détartrage ? En 2018, 7 jeunes adultes sur 10 interrogés déclaraient préférer se rendre chez leur dentiste (sic) plutôt que dans leur agence bancaire, selon une étude qui actait un certain désintérêt pour les sujets financiers1.
4 ans plus tard, la donne ne semble plus exactement la même. The 2022 Investopedia Financial Literacy Survey révèle que les 18-25 ans ont une meilleure compréhension des services financiers qu’avant et que la moitié des jeunes sondés se vantent d’être déjà des investisseurs.
Que s’est-il passé entre-temps ? Et si les contenus sur les sujets relatifs aux services financiers, de plus en plus créatifs et audacieux, contribuaient à cette popularisation ? Réponse avec 3 de nos expertes Google, Mélanie Hutt, Florence Corbasson et Audrey Tran Van Nhieu.
“Une accélération des contenus organiques sur YouTube”
Florence Corbasson, Strategic Insights Manager, Google : “Depuis 2019, les vues sur YouTube sur les contenus banque, assurance, investissement ou gestion de ses finances personnelles sont en très forte augmentation et représentent dès 2022 plus de 2 millions d’heures de contenus financiers regardés chaque mois. C’est autant que les vidéos de yoga, par exemple !
Sur YouTube, les créatrices et créateurs se sont emparés de ces sujets, en utilisant leurs codes habituels ils contribuent à rendre le sujet plus intelligible et participent ainsi à combler ce qui est considéré comme le principal frein à l’investissement : le manque d’information. C’est ainsi que YouTube et la vidéo sont désormais identifiés comme les média préférés des 18-25 ans pour apprendre à mieux gérer leurs finances personnelles2.
Les contenus permettent de démocratiser les sujets financiers. Par exemple, la chaîne Clever Girl Finance s’adresse aux personnes qui se sentent, à tort, pas toujours légitimes de traiter des sujets financiers. Afin de démystifier les sujets perçus comme complexes, la créatrice utilise des tutoriels, interviews, mais aussi des formats plus courts et légers.
D’autres, comme la chaîne CRU, contribuent à briser les tabous qui existent autour de l’argent en demandant aux Françaises et Français “combien ils gagnent” ou encore “combien ils ont sur leur compte”. En répondant à des questions précises que se posent les internautes, ce collectif saisit avec ingéniosité les tendances de recherche émergentes autour des sujets financiers.”
“Une appropriation des codes YouTube par la Fintech”
Mélanie Hutt, Creative Agency Lead, Google : "Pour les marques légitimes, un des enjeux est justement de réussir à se démarquer de certains “finfluenceurs” aux conseils discutables qui prennent la parole sur la plateforme en utilisant la grammaire de YouTube. On a par exemple toutes et tous la vidéo d’un tristement célèbre influenceur et sa fameuse réplique, “La question, elle est vite répondue”.
Les marques doivent miser sur des contenus et sur des formats qui allient ludique et pédagogique : infographies animées, tutos, explications de créatrices ou créateurs… C’est notamment ce qu’a fait la MACIF en signant un partenariat avec Ludovik, chargé de produire un parcours vidéo interactif et humoristique pour sensibiliser les jeunes à la consommation de stupéfiants.
Pour ce qui est des contenus publicitaires, les marques peuvent tout d'abord s'appuyer sur les bonnes pratiques YouTube ABCD. En effet, la mise en place de ces recommandations permet d'augmenter de 30 % la probabilité d'aboutir à des ventes à court terme et d'améliorer de 17 % l'engagement avec la marque à long terme."
“3 grands territoires d’exploration pour les acteurs de la finance”
Audrey Tran Van Nhieu, Business Lead, Global Creative Works, Google : “Pour aller plus loin sur le secteur des services financiers, nous avons observé 3 grands territoires que les acteurs de la finance auraient intérêt à explorer pour mieux toucher les gens et gagner en impact.
Premièrement, il s’agit de parler d’égal à égal avec son audience, experte ou débutante, elle doit pouvoir vous comprendre du premier coup. Langage simple, message clair, mais aussi mise en scène de situations quotidiennes pour faire en sorte que les gens s’identifient, se projettent. En tant que marque, votre rôle est aussi d’aider les gens à faire des choix éclairés, en leur donnant les outils et informations pour les accompagner.
Deuxième piste à suivre : se montrer comme on est. N’hésitez pas à partager les coulisses de votre marque, de vos services. Ce sont des choses qui non seulement intéressent les gens mais qui en plus permettent d’établir plus facilement une relation de confiance avec votre audience.
Enfin, les acteurs de la finance doivent oser être différents. L’histoire racontée est clé pour maintenir l’attention mais c’est aussi le levier le plus fort pour travailler sa différenciation3. Collaborations inédites, codes d’autres secteurs, histoire surprenante (à l’image d’ETrade, par exemple), n’hésitez pas à sortir des sentiers battus pour explorer de nouveaux horizons créatifs qui vont vous aider à davantage émerger.”