Les designers ont les mêmes objectifs qu’il y a vingt ans, mais les supports sur lesquels ils travaillent ont beaucoup évolué. Jason Cohen, Global Technical Lead chez Google, explique comment les designers peuvent participer à l’accélération du chargement des pages sur mobile.
Le haut débit apparaît à la fin des années 1990. Le web devient un terrain d’innovation pour les créatifs, et les designers aident les marques et agences à faire naître des émotions chez les consommateurs, donc à générer plus de revenus avec des expériences positives.
Vingt ans plus tard. Le web pour ordinateur s’est transformé en web pour mobile. Et pourtant, l’objectif des designers reste le même : susciter de fortes émotions chez les consommateurs pour produire l’effet escompté. Sur mobile, nous en sommes loin. Pourquoi ? Parce qu’on a tendance à oublier un aspect essentiel de la créativité. Il est temps que ça change.
Chaque fois qu’une nouvelle page web est conçue, les marketeurs cherchent à créer une expérience positive pour l’utilisateur, et à susciter sa curiosité, son enthousiasme et son intérêt. Pourtant, il finit trop souvent par s’énerver ou s'impatienter au moment de charger une page sur un device mobile. La raison ? Nos beaux éléments créatifs mettent beaucoup trop de temps à s’afficher. À quoi bon les placer sur une page si l'utilisateur n’attend pas qu’ils se chargent ?
Je sais ce que vous pensez : « Ce n'est pas de mon ressort. C'est une question technique pour mes développeurs. » Je comprends ce sentiment, puisque j’ai pensé exactement la même chose. Pourtant, il est fort probable que la page se charge lentement à cause de la taille et du nombre d’images, du nombre d’éléments visuels et de la complexité du design, mais aussi des différentes polices utilisées. C'est aux designers qu’il revient de prendre ce genre de décision. Au mieux, les développeurs pourront ajouter un peu de magie pour optimiser les conceptions.
Selon Hakan Nizam, Director, Global Digital, E-commerce Center of Excellence chez L'Oréal, ces optimisations ne permettent d’améliorer la vitesse que de 20% à 30%. « Il est bien plus facile de finir quelque chose rapidement s’il fait déjà partie des critères de conception. Cela redonnerait de la bande passante aux développeurs pour se concentrer sur d’autres aspects, qui agissent sur le taux de conversion. Il est important de résoudre une bonne fois pour toutes la question de la rapidité pour passer à d’autres facteurs différenciants. »
Pete Blackshaw, Global Head of Digital & Social Media chez Nestlé, propose d’éliminer tous les éléments non-essentiels des conceptions de sites mobiles. « Quatre mots résument l’approche mobile-first : réduction, utilité, simplification et partage. Le designer et les interfaces visuelles qu’il crée ont un impact direct sur tous ces facteurs. Instaurer des principes de conception est essentiel, car la plupart des marketeurs ont encore un long chemin à parcourir. »
Les designers doivent maîtriser les limites qui leur sont imposées. Voici 4 conseils pour y parvenir :
Utiliser un budget de performance pour des décisions avisées
Mettre en œuvre un budget de performance permet de s’assurer que designers, développeurs et autres parties prenantes travaillent ensemble sur la vitesse des pages web. Le budget permet de limiter le nombre de secondes pour le chargement d’une page web en 3G. D’ici à 2020, 70% des connexions effectuées dans le monde sur un réseau mobile se feront en 3G ou au-delà1. Le point à retenir est qu’il ne faut pas dépasser 3 secondes, car 1 visite sur 2 est abandonnée au-delà de 3 secondes de chargement sur un site mobile en 3G2.
Fournir des critères de vitesse à vos agences partenaires
Pour Hakan Nizam, les agences créa doivent également être impliquées dans cet objectif de vitesse. « Nous devons bien comprendre l’impact de nos décisions collectives sur les utilisateurs. »
Concevoir ses pages avec des technologies mobiles orientées vitesse
Des technologies telles qu’AMP (Accelerated Mobile Pages) permettent d’accélérer le chargement des pages. La technologie vient optimiser les décisions prises par les designers. La clé est de se concentrer sur l’élément le plus important du design, et d’éliminer tout ce qui ne s’y rapporte pas ou qui ne répond pas aux contraintes générales de l’interface utilisateur.
Accepter les limitations
Un designer ne penserait pas à créer une publicité en couleurs pour une publication en noir et blanc, ni un spot publicitaire de 30 secondes pour un créneau de 15 secondes. Si nous ne tenons pas compte des limitations des différents supports dans nos conceptions, l’expérience sera mauvaise.
« Il est très difficile de résister à la tentation d’en rajouter », explique Pete Blackshaw. « Nous sommes nombreux à reconnaître la simplicité quand nous la voyons. Partageons nos meilleurs exemples ! »
Un designer est capable de s’adapter à tout type de support pour créer un design percutant. Aucune différence sur mobile. Dès que la vitesse fera partie des critères de conception, nous pourrons nous assurer de l’adéquation entre les émotions, que nous souhaitons transmettre, et celles ressenties par les mobinautes au moment d’expérimenter nos designs mobiles.