L'an dernier, le cabinet Deloitte a évalué le marché de l'automobile à 2 trilliards de dollars. Vous pouvez relire, ça fait bien 2.000.000.000.000.000.000.000 de $, autant dire que ce marché est fortement convoité (euphémisme). Les enjeux sont donc colossaux, mais cette industrie est très complexe à faire évoluer à cause des contraintes de production, de distribution et de financement. De ce fait, les acteurs historiques évoluent lentement, trop lentement. Ceci ouvre la voie à de nombreuses startups et initiatives communautaires pour stimuler l'innovation.
Tout le monde a en tête l'exemple de Tesla aux États-Unis, mais est-il réaliste de penser que de nouveaux entrants (startups et communautés de conducteurs) peuvent bousculer l'ordre établi ? Oui, car plusieurs facteurs sont maintenant réunis pour viabiliser ces initiatives :
. Plusieurs projets de conception conjointe de véhicules ont été menés à terme, notamment la Mio de Fiat et, plus récemment, Local Motors, qui débute la commercialisation de ses premiers modèles ;
. Il existe déjà des places de marché à vocation commerciale comme KickStarter, Indiegogo et Steam où la communauté est mise à contribution pour le co-financement de projets variés ;
. De nombreuses communautés de clients s'organisent spontanément grâce aux outils en ligne (ex : fans de Harley-Davidson, de 2 CV, de Jeep, de Dacia...) ;
. La généralisation des smartphones facilite grandement la mobilisation des utilisateurs ainsi que leurs contributions dans le domaine automobile (ex : BlaBlaCar, Essence, Gas Now...).
Un parc automobile très vaste, des dizaines de millions de smartphones et des pratiques communautaires en ligne, qui se généralisent, sont les ingrédients qui permettent à de nombreuses startups d'afficher une croissance spectaculaire, que ce soit de façon opportuniste (ex : Ripple Motion, éditeur de l'application mobile Essence, qui était N°1 des téléchargements pendant la pénurie de carburants du mois dernier) ou de façon plus durable (ex : BlaBlaCar, Heetch...). Outre ces services issus de l'économie collaborative, Waze est un formidable exemple de ce que la communauté est capable d'accomplir : un fond cartographique entièrement créé et enrichi par les utilisateurs.
Ceci étant dit, si l'automobile est un sujet fédérateur, tous les annonceurs ne peuvent avoir recours à des communautés de clients aussi dévouées. Pour qu'une initiative communautaire soit viable, il faut réunir plusieurs conditions : la marque doit bénéficier d'une très bonne notoriété ou d'un certain capital sympathie, elle doit être légitime dans le domaine qu'elle souhaite exploiter, elle doit proposer un service qui réponde à un besoin réel non-couvert, elle doit proposer une solution extrêmement simple pour que les contributions des membres se fassent quasiment sans effort et doit accepter de déléguer la gestion de la communauté en ligne à ses membres. Si ces conditions sont réunies, alors une marque peut envisager de lancer une initiative communautaire et mobiliser ses clients.
De nombreuses marques ont déjà eu recours à la communauté : M&Ms, 7UP ou encore les soupes Maggie ont lancé des concours pour que les clients choisissent les parfums de leurs produits. Même Google s'est laissé tenter récemment en demandant aux mobinautes de voter pour le nom de la prochaine version d'Android ! Ce type de dispositif n'est pas valable que pour les autres. Vous pouvez également en bénéficier en respectant les conditions décrites précédemment.