Quelle “foule sentimentale” sommes-nous ? C’est en substance la question que se posent de nombreux organismes publics ou entreprises lorsqu’ils utilisent les enquêtes sur le moral et le sentiment d’une population pour établir leurs projections économiques. Moral et sentiments influent en effet largement sur les dépenses et investissements : mais comment analyser ces tendances à un instant T ?
Google Trends, reflet de l’activité économique
Utiliser les recherches des internautes comme indicateurs de la santé de l’économie, c’est ce qu’a commencé à explorer l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) en utilisant les données de Google Trends comme base pour enrichir ses prévisions économiques.1
Pour rappel, Google Trends est un échantillon public et représentatif des requêtes effectuées par les internautes sur notre moteur de recherche au quotidien. Anonymisées, catégorisées et agrégées, ces requêtes nous permettent d’observer l’évolution de l’intérêt pour de nombreux sujets - dont certains peuvent refléter l’activité économique.
Les tendances issues de Trends peuvent en effet être un bon révélateur des préoccupations concernant les biens de consommation (avec des recherches comme “appareils électroménagers” ou “nouvelle voiture” ), le marché du travail (“CV en ligne” ou “offres d’emploi)” ou encore l’immobilier (“prix au m2” ou “assurance emprunteur”). Bien étudiées, ces fluctuations offrent à l’OCDE une voie alternative pour établir de nouveaux indicateurs économiques.
Le moteur de recherche, thermomètre des préoccupations économiques des Français·es
Au-delà des indicateurs économiques, ces données permettent de mesurer l’optimisme des internautes concernant leurs finances et les principales préoccupations économiques. Par exemple, si en 2020 l’épargne était un sujet à la mode, en 2021, c’est le retour en force de l’investissement avec +25% de requêtes liées à l’investissement immobilier par rapport aux niveaux pré-pandémie2. On note aussi le retour des inquiétudes liées à l’inflation, deux fois plus importantes qu’en 2020. On assiste enfin à l’essor vertigineux des crypto-monnaies dont certaines s’ancrent dans le temps tandis que d’autres connaissent des popularités passagères.
Plus révélatrices encore sont les multitudes de précisions qui accompagnent ces recherches et peuvent traduire ce sentiment positif ou négatif. Si l’on regarde du côté des crédits, les mentions “Sans apport” ou “à Taux Zéro” indiquent un optimisme économique certain, quand bien même la situation personnelle d’un grand nombre d’internautes reste fragile.
Un autre domaine d’expression de ces tensions économiques se cache dans les recherches des internautes sur le prix des biens et services qu’ils souhaitent consommer. En 2021, les recherches autour des “prix” continuent d’augmenter : +20% annuels, pour deux années consécutives. La recherche du petit prix s’efface-t-elle au profit de la quête d'un meilleur rapport qualité-prix ? Le fait que les recherches se reportent sur des adjectifs comme “meilleurs” plutôt que “pas cher” va dans ce sens : après avoir fait l’expérience parfois amère de la bonne affaire, nous préférons désormais retrouver la qualité.
En quoi cela peut-il aider les responsables marketing ?
Les données Google Trends peuvent être utiles pour sonder l’état d’esprit des consommatrices et consommateurs d’un secteur en particulier à très court terme. Cela peut s’avérer utile pour établir sa stratégie à très court terme, notamment dans un contexte fluctuant comme celui que nous vivons actuellement.