Parmi les recherches en forte croissance en France en 2021 illustrées dans A Year in Search, on trouve “écriture inclusive”. Le thème du langage inclusif,- les attentions que l’on porte à représenter tous les individus quel que soit leur genre lorsqu’on s’exprime à l’oral ou à l’écrit -, suscite un intérêt grandissant dans le monde entier, et particulièrement en France. Nous partageons aujourd’hui les résultats inédits d’une étude menée conjointement par Google et l’agence de communication et d’influence Mots-Clés pour comprendre ce que les internautes pensent du langage inclusif.
Des recherches en très forte croissance depuis 2018
L’intérêt pour le langage inclusif est mondial et en forte progression, avec un volume de recherches multiplié par 2 entre 2018 et 2021.1 Si les pays hispanophones sont les plus intéressés par ce sujet, Costa-Rica et Mexique en tête, la France mène le groupe des pays francophones, avec 2 millions de requêtes “’écriture inclusive” en 2021 (+180% vs 2020).2 C’est l’expression la plus utilisée par les internautes, très loin devant “langage inclusif”, “égalitaire” ou” non-sexiste”. Les débats à l’Assemblée Nationale ou l’introduction de “iel” dans le dictionnaire Le Robert correspondent à des pics d’intérêt visibles.
Après un premier pic de recherches en 2017, le thème du langage inclusif n’a suscité que peu d’intérêt en France jusqu’à 2020 et le retour de ce sujet dans l’actualité.
D’après notre sondage, 4 internautes sur 10 déclarent d’ailleurs avoir déjà entendu parler de l’écriture inclusive.3
Les internautes et l’écriture inclusive : un paradoxe
58% des internautes qui ont déjà entendu parler d’écriture inclusive s’y déclarent défavorables alors que 16% y sont favorables et une part considérable de personnes suspendent leur jugement, avec 26% de sans opinion.
Le détail des résultats apporte une vision plus nuancée. La majorité de ces internautes se montre en fait favorables à deux des méthodes pratiquées dans le langage inclusif : 65% sont favorables à la féminisation des noms de métiers (dire “Madame La Présidente”, “autrice”, “sénatrice”) et 56% sont favorables aux mots non genrés ou englobants (“la direction” au lieu “des directeurs” par exemple).
Le point médian (dans "employé·e" ou "étudiant·e") et les néologismes (comme "lecteurices" ou "auditeurices" en un mot) sont des méthodes qui sont rejetées respectivement par 61% et 79% des internautes.
Les données montrent que certaines méthodes de l’écriture inclusive sont rejetées, mais que le principe d’utiliser des alternatives au masculin dit générique est approuvé.
On observe aussi une disparité des résultats en fonction de l’âge et du genre : les jeunes et les femmes sont en général plus favorables, les femmes de 18-24 ans étant favorables à 30%, soit presque 2 fois plus que la moyenne tous âges et genres confondus.
Les recherches des internautes montrent une volonté d’apprendre
Une analyse détaillée des requêtes autour de l’écriture inclusive montre que les internautes recherchent 3 choses : comprendre (“écriture inclusive c’est quoi”, “écriture inclusive exemple”), pratiquer (“règles écriture inclusive”, “guide écriture inclusive”) et s’informer (“écriture inclusive interdite”, “qui utilise écriture inclusive”).
On recherche même des outils pour automatiser le passage à l’écriture inclusive, comme “traducteur écriture inclusive” ou “convertisseur écriture inclusive”.
Les données issues de cette étude permettent de mieux décrypter l’intérêt en forte croissance des internautes autour du langage inclusif notamment: il montre la volonté de mieux comprendre et de se construire un avis informé autour des pratiques diverses de l’écriture inclusive. Si le point médian et les néologismes cristallisent les désaccords, les autres pratiques sont majoritairement acceptées, témoignant d’une volonté partagée, par les personnes favorables comme réfractaires, de faire évoluer les usages de la langue française vers une meilleure représentation de toutes et tous.
Retour sur la méthodologie
Cette étude est basée sur deux types de données : des données liées à l’intérêt en ligne autour du langage inclusif, mesuré notamment avec Google Trends à travers les recherches faites sur le moteur de recherche par les internautes ; des données déclaratives anonymes, recueillies par sondage en ligne permettant de mesurer, auprès d’un échantillon représentatif, la notoriété et l’adhésion à l’écriture inclusive et à ses pratiques.
Les sondages ont été administrés en ligne, via Google Surveys, en septembre 2021, sur une base de 8189 réponses. Les échantillons de personnes interrogées sont représentatifs de la population française, âgées d’au moins 18 ans et de tous genres. Les données sont pondérées en fonction de l’âge, du genre et de la zone géographique, avec un intervalle de confiance de 95%.