Le bon, le brut et le gourmand : les Français ne plaisantent pas avec la qualité et la traçabilité des produits alimentaires. Le web, pourvoyeur du bon goût, fait son marché entre producteurs et consommateurs. Tour de table digital au Food Morning #2 le 12 avril 2016 à Paris pour faire bouger les lignes en ligne.
Entre la terre et l’assiette, le web
« Nous, restaurateurs, avons une responsabilité », explique Guy Martin, chef étoilé du Grand Véfour à Paris et animateur de l’émission Épicerie Fine sur TV5 Monde. « Nous devons donner le meilleur et, même dans les restos à prix abordables, on peut sourcer des produits qui ont une éthique. Ce qui m’interpelle, c’est ce qu’on met dans la vigne et ce qu’on donne à manger aux animaux. Il y a une attente de produits de qualité, et la traçabilité est clé. »
Le digital s’inscrit dans cette prise de conscience du local, du respect de la terre et de la traçabilité. Il est la cheville ouvrière entre le terroir et l’assiette. La preuve avec Ah La Vache, un site de vente directe de viande qui ne manque pas d’humour. Devant « La Cagette qui se la pète » et « La Cagettounette trop chouette », l’internaute entend déjà le beurre chanter dans la cocotte.
Étudiant à Paris, Arnaud Billon n’a pas les moyens d’acheter une bonne entrecôte chez le boucher. À l’autre bout de la chaîne, ses parents éleveurs peinent à joindre les deux bouts. Fin mai 2012, il reprend l’exploitation familiale et fonde Ah La Vache. Son credo : la qualité au juste prix. Son plan d’action : le circuit court avec le web pour seul intermédiaire.
De la Salers à la Blonde d’Aquitaine, Ah La Vache ne mégote pas sur la qualité. Le cahier des charges est tenu à la lettre. « La qualité, c’est du bon sens. On fait tout en local : l’alimentation, l’abattage, l’atelier de découpe. »
Aujourd’hui, pour 56% des Français, acheter auprès des producteurs locaux est une garantie de qualité. Le digital permet d’aller plus loin dans la transparence et la traçabilité des produits. Véritable fenêtre sur l’exploitation agricole, il donne envie et rassure le consommateur. « C’est important de recréer un lien direct entre le consommateur et le producteur. On livre toutes les semaines à 200 kms auprès des gens qui veulent mettre un visage humain sur ce qu’ils sont en train de manger. »
Et si Rungis était à portée de clic ? Renaud Paquin interroge Parisiens pressés et amoureux du goût avant de créer mon-marché.fr en 2006. Enthousiasme général pour ce service de vente online et de livraison à domicile de produits archi-frais en direct des Halles de Rungis.
« On a 5 familles de clients : la femme pressée avec un poste important en entreprise qui passe commande le soir, les mamans inquiètes pour leurs enfants, les fans d’internet, les amoureux du goût et ceux qui veulent manger à table, entrée-plat-dessert. Dans tout ça, il y a du plaisir. Le bien manger, chacun le fait à sa sauce sur le site. »
Web et food font-ils bon ménage ? « Quand on a démarré, la première expérience de nos consommateurs sur Internet était désastreuse. Comment acheter de la nourriture qu’on ne sent pas et qu’on ne voit pas ? Il faut faire comprendre qu’on peut acheter en toute confiance sur internet. Quand la confiance est là, on se développe très bien. »
La preuve : le nombre de références sur mon-marché.fr ne cesse de grossir. Le site propose aujourd’hui 3000 produits frais, dont 1200 bio. Plus encore, « on commence à être distribué partout en France et on ouvre à Londres dans 2 mois. Ça s’est fait grâce à la viralité. »
Nutrition intelligente : 100% naturel, 100% web
Pour avoir un esprit sain dans un corps sain, rien de tel qu’un mix de baies de goji, de baies d’aronia et de poudre de maca ! Du 100% bio dans les rayons du web.
« Le bio est une tendances de fond, mais il y a une population qui va vouloir comprendre ce qu’il y a dans les aliments pour traquer les produits trop transformés ou avec des additifs pour garder une alimentation sans se priver », explique Ariane Grumbach, diététicienne. « Cette population est à différencier des personnes qui suivent des modes et passent d’une mode à l’autre. »
Point partagé par Pierre Baryla, directeur Europe du Sud de NU3, pureplayer avec plus de 6000 références de produits bio et healthy. « La nutrition intelligenTe concerne les produits « sans » et suit 2 grandes tendances : les intolérances comme le lactose ou le gluten et les convictions comme le vegan. « Au Royaume-Uni, 10% de la population consomme une alimentation vegan et 9% en Allemagne. C’est une tendance forte à suivre. »
S’adressant aux marques, Ariane Grumbach conseille d’appliquer le triptyque temps, qualité et prix. « Les marques doivent y penser pour proposer la qualité avec une différenciation qui fait que les consommateurs acceptent de payer plus. »
Conclusion croustillante de Pierre Baryla au Food Morning #2 : « le consommateur français ne transige pas avec le goût. »