Innover, c’est créer, améliorer et transformer. La société évolue au rythme des innovations technologiques et des synergies qu’elles impliquent. Témoins privilégiés de l’édition 2015 du festival South by Southwest à Austin, au Texas, Olivier Vigneaux, président de l’agence BETC Digital, et Sébastien Houdusse, à la tête de l’engagement planning de l’agence, livrent leur analyse sur un thème majeur : les interfaces homme-machine.
Humains et humanoïdes vivent en harmonie
Et si les émotions n’étaient plus réservées aux humains ? Le robot est l’avenir de l’interface homme-machine. Son apparence humanoïde suffit pour établir une relation de confiance, et la technologie s’estompe pour faciliter les interactions.
Le Massachusets Institute of Technology (MIT) a mené une expérience auprès d’écoliers afin d’étudier leur perception des robots et leur capacité à interagir avec eux. Le constat est sans appel. Le gain de connaissances est supérieur dans le cas d’une interaction avec un robot. L’engagement et la confiance sont plus forts. Olivier Vigneaux commente : « La forme crée une illusion d’émotion. On projette des sentiments humains sur des algorithmes purs et on arrive à de meilleurs résultats. »
L’avenir de la robotique promet de donner une personnalité aux humanoïdes. Science ou science fiction ? Plutôt science notamment avec le robot de compagnie Jibo, développé par Cynthia Breazal, professeur au MIT Media Lab. Jibo reconnaît les visages, le langage naturel et répond contextuellement. Il exprime ses sentiments à travers le rire ou le ton de sa voix. Il raconte des histoires pour endormir les enfants, leur fait réciter leurs leçons ou, plus simplement, leur réserve un bel accueil à leur retour de l’école. Jibo est si sympathique qu’il a levé près de 2,3 millions de dollars sur une plateforme de financement participatif.
L’avènement de tels robots pose la question de la convergence des interfaces. Quid de la maison connectée si Jibo existe vraiment ? Que deviendront Schneider, Nest et Sonos ? A ces questions, Olivier Vigneaux répond que seule l’interface la plus efficace, fonctionnelle et émotionnelle gagnera la confiance des consommateurs donc la bataille commerciale.
Pas de technologie sans design
Le succès d’un produit ou service technologique se situe à l’intersection entre technologie et design. Du dernier thermostat Nest au système de paiement Square, le design est une composante essentielle dans la chaîne de valeur. Il contribue à son adoption et à sa pérennisation.
Dans son discours, John Maeda, président de la Rhode Island School of Design et partner chez Kleiner Perkins Caufield & Byers, déclare : « La solution ne peut être que technologique. Elle doit intégrer la notion de design très en amont. » Avec l’utilisation exponentielle de terminaux mobiles et autres objets connectés, le design de l’interface doit être le plus pertinent possible. Avant, on lisait ses mails matin et soir. Désormais, on le fait toutes les cinq minutes, soit 150 fois par jour. L’interface doit être conviviale et intuitive. Que la meilleure gagne !
De son expérience au sein d’un fonds d’investissement, John Maeda retient que les startups les plus financées aujourd’hui sont portées par le design. A titre d’exemple, si l’on regarde la page d’accueil du site Airbnb, un sentiment de bienveillance et simplicité surgit. Le design construit la confiance. Et, poursuit John Maeda, dès qu’Airbnb publie des photos de maisons prises par des photographes professionnels, les inscriptions explosent.
John Maeda explique que le design n’est pas là pour déclencher une simple explosion de joie. Il est là pour « l’effet wahou » à long terme, une fois que les utilisateurs ont testé et accepté le produit. Comment, après avoir vu, porté ou coexisté avec un produit pendant un ou deux ans, l’utilisateur va continuer de l’accepter pour résoudre une problématique dans sa vie ? Réponse : la pertinence du design.
Wearables, vraie tendance ou effet de mode ?
Il se vendra 2 milliards d’objets connectés en France, soit plus de 30 par foyer, d’ici à 2020. Telle est la prévision spectaculaire de l’Institut GFK. Théoriquement, le potentiel des wearables, ou accessoires connectés, est immense. Entre vêtements, chaussures, lunettes, montres, bijoux, le choix est large, et chaque individu peut porter plusieurs objets simultanément. En 2014, 640 000 unités ont été vendues pour un chiffre d’affaires de 90 millions d’euros.
Toujours selon l’Institut GFK, un tiers des utilisateurs abandonne leur accessoire connecté après 6 mois d’utilisation. « L’acceptation sociale des wearables n’est pas évidente », souligne Olivier Vigneaux. « Adopter de nouveaux usages n’est pas si naturel et évident. Il y a un élan pendant 6 mois mais, passé l’effet de mode, ses bienfaits ne justifient pas forcément que je le garde. »
Certes, précise-t-il, « nous avons tous accepté de porter un téléphone assez gros mais il y avait une promesse d’usage et socialement cela ne changeait pas grand-chose. C’était un petit objet qu’on emmenait partout. »
Et si la solution n’était pas les wearables mais les there-ables ? Plus besoin de porter une myriade d’objets connectés. L’utilisateur se connecterait via un terminal mobile à un lieu ou à un espace porteur d’informations. Il accéderait à des éléments de contexte susceptibles d’enrichir son expérience. C’est la promesse de voyager léger mais informé.