CES 2016, c’est fini ! Tendances émergentes, nouveaux usages et opportunités des marketeurs : retour d’expérience de Gaël Gibert, directeur automobile et immobilier chez Google, sur la grand-messe high-tech made in Las Vegas. Back to the future!
CES, ce sont 3 800 exposants et 170 000 visiteurs à travers des dizaines de halls d'exposition. De quoi donner le vertige ! Quelle a été votre première impression ? Votre expérience du salon ? Peut-on toujours parler de temple de l'innovation ?
Outre le gigantisme du salon (Las Vegas tourne au rythme du CES pendant une semaine), ce qui frappe, c’est que le CES ne peut plus être considéré comme le « salon de l’électronique » mais bien comme le témoin de la percolation du digital au sens large dans nos vies. Le CES est également « victime » de la digitalisation et de la désintermédiation qui peut en résulter. En 2016, consommateurs et professionnels veulent être constamment au courant des nouveautés et innovations. Les réseaux sociaux et la presse digitale spécialisée sont branchés en temps réel sur le pipeline d’innovations. Le CES n’est plus le lieu où toutes les nouveautés sont dévoilées. C’est un excellent résumé de l’état de l’art de l’innovation.
En quoi est-ce un must-see pour les marketeurs ? Pour les décideurs digitaux ?
Si vous ne commercialisez pas un produit directement lié au digital, le CES permet d’imaginer comment vos clients vont interagir avec le monde dans les prochaines années. Et cette modification des usages aura nécessairement un impact sur la manière dont les consommateurs utilisent et achètent les produits et interagissent avec le monde digital. Je dirais donc que les directeurs du marketing stratégique et les directeurs digitaux ont un intérêt certain à y passer.
Les tendances fortes de l’édition 2016 sont la réalité augmentée, les objets connectés et les drones. Comment étaient-elles représentées sur le salon ?
Il est intéressant de voir que ces 3 segments sont à des niveaux de maturité très différents. Si les objets connectés sont dans leur 2ème année de montée en puissance et le marché des drones est presque saturé de fabricants de tous pays avec une gamme impressionnante, la réalité augmentée fait vraiment sa première percée. Elle était jusqu’à présent préemptée par des solutions techniques simples et agiles ou encore en développement. Aujourd’hui, nous voyons un go to market se profiler.
Une autre tendance identifiée ?
J’ajouterais au panorama l’automobile, qui disposait de son propre hall. Les voitures connectées ou autonomes sont aujourd’hui des différenciateurs clés pour les constructeurs, si bien que certains commentateurs considèrent le CES comme le 5ème salon automobile de l’année après Détroit, Genève, Paris/Francfort et Tokyo. En témoigne le lancement de la Chevrolet Volt EV lors du CES.
En tant que directeur automobile et immobilier chez Google, quel était votre rôle ?
En plus d’être l’occasion de rencontrer certains de nos clients, le CES permet de se projeter quelques années dans le futur, de questionner les dogmes actuels et de rapporter en France, auprès de nos clients et partenaires, différentes idées, scenarii et tendances qui pourront les aider à développer leurs futurs produits mais surtout à évaluer les attentes des consommateurs.
Quelles actions avant, pendant et après le show ? Votre conseil aux intéressés ?
Un point très important (compte tenu de la taille du salon) est de planifier en avance les exposants que vous souhaitez voir et de vous laisser le temps de la découverte. Il est quasiment irréalisable de visiter chaque stand. Comme disait André Gide « choisir, c’est renoncer ».
Cocorico… CES 2016 a attiré 190 startups françaises, dont 128 dans l’Eureka Park sur un total de 427 startups mondiales. Alors La French Tech foisonne d’idées et bouillonne d’innovations ?
Les ingénieurs français ont toujours été présents dans la Silicon Valley et sont reconnus aux USA pour leurs qualités. Ils ont d’ailleurs été à l’origine de nombreuses innovations américaines. Le contexte économique et industriel actuel, la facilité de déployer du software à l’échelle mondiale et les modes de production fabless leur permettent d’exercer aujourd’hui leur art depuis la France. La France devient petit à petit une startup nation, et c’est bien mérité car, au-delà des gadgets, beaucoup de startups françaises sont à la pointe des nouvelles technologies ET des nouveaux usages. Les récentes grosses levées de fonds d’entreprises comme BlaBlaCar ou Parrot montrent que les observateurs croient en notre capacité à transformer innovation en business.