Pendant la pandémie, mes proches et moi nous sommes pris de passion pour le fait maison. Nous avons développé tout un ensemble de nouvelles compétences, comme confectionner nos pâtes nous-mêmes, réparer des robinets qui fuient et teindre des t-shirts.
Et nous ne sommes pas les seul·es. Ces deux dernières années ont été une période de remise en question au cours de laquelle nous avons découvert des lacunes dans nos connaissances et agi pour les combler. En 2021, de plus en plus d'internautes partout dans le monde ont souhaité développer davantage leurs compétences. Les recherches telles que "apprentissage en ligne", "idées pour débutants" et "comment investir" ont augmenté en un an.
Puisque nous pouvons désormais de nouveau acheter nos pâtes en magasin et faire appel à un plombier, les recherches sur ces sujets sont retombées à leur niveau d'avant la pandémie. Cependant, la recherche de programmes permettant d'acquérir rapidement de nouvelles compétences continue de croître. S'agit-il d'un changement permanent dans l'enseignement pour adultes ? Si oui, comment cela affectera-t-il l'avenir des entreprises ?
Pour répondre à ces questions, mon équipe s'est associée à Ipsos pour mener des études sur l'enseignement supérieur et les carrières, deux domaines fortement impactés par le télétravail et l'enseignement à distance. Bien que nous ayons mené ces études séparément, les résultats de chacune d'entre elles se sont recoupés, suggérant un lien fort entre études supérieures et poursuite d'une carrière. Pour de nombreux employeurs, qui ont désormais beaucoup de mal à recruter des talents et à les garder, c'est l'occasion de soutenir la formation continue de leurs employé·es tout en constituant une main-d'œuvre hautement qualifiée.
Pour vous aider à tirer profit de cette opportunité, nous avons dégagé deux tendances clés de notre étude, ainsi que deux façons dont votre entreprise peut agir en fonction de ces résultats.
Tendance n°1 : la reprise d'études est de plus en plus fréquente
Auparavant, l'enseignement supérieur était surtout assimilé aux études universitaires de quatre à cinq ans juste après le lycée et au diplôme qu'elles permettaient d'obtenir. Désormais, les études supérieures sont davantage considérées comme un moyen de changer de carrière ou de la faire progresser. Notre étude montre que 57 % des salarié·es américain·es sont soit activement à la recherche d'un nouvel emploi, soit ouvert·es à cette possibilité1, et les études sont un moyen d'y parvenir.
Pour approfondir cette constatation et mieux comprendre la réalité à laquelle les adultes en formation sont confrontés aujourd'hui, mon équipe s'est entretenue avec Marni Baker Stein, directrice académique de la Western Governors University (WGU), une université en ligne à but non lucratif à l'origine d'un modèle d'apprentissage qui crée un meilleur lien entre l'instruction des étudiant·es et les compétences nécessaires pour évoluer dans le monde du travail.
Elle estime que la tendance à "l'éducation pour la mobilité professionnelle" est désormais si forte qu'elle transforme le profil type des étudiant·es dans l'enseignement supérieur. "De manière générale, l'élève de l'enseignement supérieur travaille à temps plein, s'occupe de sa famille et n'appartient pas à la tranche d'âge traditionnelle des 18-24 ans", explique-t-elle.
Ce type d'élève a besoin de flexibilité et son investissement, en temps et en argent, doit porter ses fruits. Elle explique que les universités comme la WGU évaluent leurs offres au fil du temps et se posent la question de savoir quelle valeur ajoutée elles apportent au monde du travail, et à quels postes ou à quels types de professions correspond l'ensemble des compétences enseignées. Ces universités actualisent ensuite leurs programmes pour proposer les compétences les plus demandées.
"Aujourd'hui, l'élève type de l'enseignement supérieur travaille à temps plein, s'occupe de sa famille et n'appartient pas à la tranche d'âge traditionnelle des 18-24 ans".
Les programmes d'apprentissage en ligne de Google, sont un moyen de suivre des cours à son propre rythme et en toute flexibilité. Après avoir réussi les formations certifiantes en informatique de Grow with Google, Chelsea Rucker a été engagée puis promue chez Google. "Si je n'avais pas eu la possibilité de me lever à 4 h pour finir mon travail pendant que mes filles dormaient, je n'aurais jamais pu obtenir mon certificat aussi rapidement."
Conseil n°1 : répondre aux besoins en formation de ses employé·es
59 % des personnes interrogées ont déclaré maintenir ou développer activement leurs compétences afin d'être plus attrayantes sur le marché de l'emploi et d'améliorer leur trajectoire professionnelle, mais seulement 45 % d'entre elles ont déclaré que leur employeur leur permettait de développer ou de perfectionner leurs compétences2. Proposer à ses employés d'acquérir des skills liées à d'autres postes, dans le cadre de formations, peut être un bon moyen de se démarquer, plutôt que de laisser ses employé·es rechercher des opportunités d'apprentissage et de carrière ailleurs. Ce point est particulièrement important pour les salarié·es de niveau intermédiaire, qui sont les plus susceptibles de démissionner.
Cet investissement profite à vos résultats financiers. Les employeurs qui offrent des possibilités de développement et de mobilité interne conservent leurs employé·es près de deux fois plus longtemps que les autres employeurs. En outre, une étude du BCG a révélé que 81 % des personnes interrogées estiment qu'une meilleure adaptation des programmes d'enseignement en fonction des offres d'emploi et des lacunes en termes de compétences pourrait résoudre le problème d'inadéquation des compétences auquel leurs entreprises sont confrontées.
Tendance n°2 : l'importance des formations de courte durée
Les formations courtes sont extrêmement populaires auprès de ce nouveau groupe d'étudiant·es de l'enseignement supérieur. Par exemple, les recherches concernant des cours de gestion, de science des données et de marketing digital ont chacune augmenté de 35 % en un an3. Et, contrairement aux programmes traditionnels menant à l'obtention d'un diplôme, les formations courtes peuvent être axées sur des compétences spécifiques. En réalité, 46 % des personnes interrogées qui envisagent de suivre une formation courte pour la première fois citent la possibilité d'acquérir rapidement une nouvelle compétence comme principale raison de leur intérêt4. Cet apprentissage pratique et hyper ciblé permet d'établir un lien étroit, désormais attendu des adultes qui se forment, entre investissement, compétences acquises et mobilité professionnelle.
Les formations courtes sont essentielles pour l'avenir de l'emploi.
"Les formations courtes sont essentielles pour l'avenir de l'emploi, car les individus devront acquérir de nouvelles compétences et se perfectionner à plusieurs reprises au cours de leur carrière", a expliqué Marni Baker Stein.
Conseil n°2 : repenser le processus de sélection des candidat·es
Les diplômes et les formations courtes ne sont peut-être pas les références les plus recherchés des employeurs, mais ils sont le reflet de la motivation des candidat·es, qui possèdent des compétences à jour et recherchées. En prenant réellement en compte ces références lors du processus d'évaluation des candidat·es, vous élargirez considérablement votre réserve de talents.
"Culturellement, nous associons un diplôme universitaire à une·e candidat·e prêt·e à assumer un emploi", déclare Marni Baker Stein. Cependant, elle estime que "les formations courtes, plus flexibles, sont très efficaces pour les apprenant·es, que ce soit à 15, 24 ou 50 ans." Pour cette raison, elle conseille aux employeurs de s'assurer qu'ils disposent "des bons processus RH ou des bons recruteurs pour valoriser les qualifications issues de formations courtes."
Les diplômes et les formations courtes sont le reflet de la motivation des candidat·es, qui possèdent des compétences à jour et recherchées.
Tout comme les employé·es réévaluent leur vie et repensent leur approche de l'éducation et de la mobilité professionnelle, les entreprises doivent reconsidérer leurs procédures internes. En offrant aux employé·es des possibilités de développement accompagné et en donnant plus de valeur aux formations courtes et à leurs diplômes lors du processus de sélection des candidat·es, les entreprises peuvent se doter de talents précieux et affronter l'avenir sereinement avec une main-d'œuvre hautement qualifiée.